Chargé d'évaluer la RE2020 et ses impacts, Robin Rivaton dresse un bilan et formule 10 propositions.

Acteur privé dans l'immobilier, Robin Rivaton a été chargée en février dernier par le ministère du Logement d'une mission d'évaluation de la RE2020.  Son rapport de 66 pages vient d'être rendu public ce vendredi 11 juillet et comprend notamment un résumé en pages 6 et 7, que nous reprenons pour l'essentiel ci-dessous. Robin Rivaton y rappelle le contexte dans lequel cette mission lui a été demandée, dresse 4 constats principaux, identifie des "forces" et des "faiblesses" de la RE2020, avant de formuler 10 propositions...

CONTEXTE

"Trois ans après l’entrée en vigueur de la RE2020, le Gouvernement souhaitait savoir si la trajectoire des jalons 2025, 2028, 2031 est réalisable sans freiner l’accès au logement et quels verrous techniques et économiques subsistent. La mission s’est appuyée sur 62 auditions, les données de l’Observatoire de la Performance Energétique et Environnementale et de la base INIES ainsi que l’analyse d’une quinzaine d’opérations par des organismes tiers."

PRINCIPAUX CONSTATS

• Coûts :

"Le surcoût d’investissement entre 2022 et 2031 pèserait +11%. Les effets volume et d’apprentissage pourraient neutraliser l’isolation et la décarbonation totalement au bout de dix ans. Les gains de consommation permettraient de neutraliser le surcoût des équipements de chauffage même si un doute subsiste sur leur durée de vie."

• Impact sur le logement :

"Sur la période 2022-2035, toute chose étant égale par ailleurs, le déficit de logements atteint 211 000 avec un scénario haut à 342 000 logements non construits et un scénario bas à 118 000 logements non construits."

• Impact sur les gaz à effet de serre :

"En projetant les chiffres de construction de 2024 en 2031, l’économie carbone attendue serait de 7,9 millions de tonnes. Ramenés à l’empreinte carbone de la France, cela représente 1,2%. Cette évolution théorique pourrait être 15 à 25% plus faible dans la réalité car le poids carbone de nombreux composants est gonflé."

• Méthode de calcul

"La France a choisi une méthode de calcul du carbone différente de ce que pratiquent les autres pays européens. Une directive va venir rassembler les différentes méthodologies et, si elle semble laisser une certaine liberté, il faut veiller à ce que la politique française ne soit pas opposée à la liberté de circulation des marchandises, au risque d’exposer le secteur à un
coûteux réalignement."

FORCES

• Les filières de production de composants, matériaux et équipements ont réalisé des efforts d’adaptation conséquents.
• La séquence 2022-2025-2028-2031 permet un effort graduel, différencié selon les secteurs d’activité.

 

FAIBLESSES

• Absence de différenciation géographique : les surcoûts ont des impacts plus
  importants en zone détendue et les effets d’apprentissage y sont moindres.
• Base de données à compléter : un travail important, renforcé avec le
  changement de méthodologie des données environnementales, reste à fournir,
  sinon les coûts seront supérieurs aux +11% annoncés.
• Désalignement d’intérêt : il est possible d’atteindre les seuils de la RE2020 en
  sacrifiant la qualité d’usage du bâti pour les futurs habitants.
• Stratégie d’adaptation insuffisante : l’atténuation ne peut pas évoluer seule mais
  doit se doubler d’un volet d’adaptation notamment face aux vagues de chaleur.

 

DIX PROPOSITIONS 

(telles que formulées dans le résumé)

1. Recalculer le point de départ de 2022
2. Recalculer les valeurs par défaut
3. Autoriser la substitution produit
4. Investir dans la diffusion du savoir
5. Créer un IC carbone global
6. Avoir des renouvellements < 1
7. Réviser le confort d'été
8. Introduire modulation qualité d'usage
9. Libérer le refroidissement
10. Exempter les surélévations / extensions

 

Tous les détails sont à lire dans le rapport (cliquez sur le lien)